mercredi 28 février 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (7)

Dessin de Mike

http://placardemike.blogspot.fr

– Regardez qui je vous amène, les filles !
– C’est pas vrai ! Lancelot !
– Qu’est-ce qu’il veut ?
– Devinez !
– Ça lui a pas suffi hier soir ?
– Apparemment, non !
– Oh, ben on va lui en remettre une couche.
– S’il y a que ça pour lui faire plaisir…
– Bon, mais vite fait alors ! Parce que j’ai pas que ça à faire, moi ! On m’attend. Allez, le cul à l’air, toi ! Et on se dépêche !
Le cul à l’air. Il s’est dépêché. Il a tout enlevé. Là. Voilà. Le cul à l’air.
Un cul cramoisi. Violacé par endroits. Un cul en feu.
Pauline a fait glisser un doigt, lentement, sur toute la surface.
– Eh ben, par là-dessus, il va le sentir passer.
Elle lui a profondément enfoncé son ongle, à plusieurs reprises, là où la peau avait le plus marqué. Il n’a pas bronché. Il n’a même pas cillé.
– Ah, on veut jouer les durs à cuire ? Mais bouge pas qu’on va bien finir par te faire piauler, va !
Jessica a constaté.
– En tout cas, il bande déjà.
– Oui, oh, ben ça !
Je lui ai fait signe d’approcher.
– À moi, l’honneur ! C’est moi qui l’ai trouvé.
Il ne s’est pas fait prier. Il est aussitôt venu docilement se nicher, de lui-même, au creux de mes genoux.
– Prêt ?
Il a fait signe que oui. D’un hochement de tête. Oui.
Alors j’ai lâché les chevaux. À bride abattue. À pleine main. À pleine paume. Une véritable cavalcade. Sans retenue. Sans concession.
– Ah, il grimace.
– Oui, mais on voit bien que ça lui plaît quand même.
Un peu que ça lui plaisait. Sa queue gonflée battait furieusement la mesure contre ma cuisse.
J’ai imperturbablement poursuivi. Au même rythme. Avec la même intensité. Il s’est mis à doucement gémir, à se soulever du derrière en cadence.
Jessica m’a encouragée.
– Allez, allez ! Plus fort. Tu vas l’avoir ! Il va crier. Je suis sûre qu’il va crier.
Ce qu’il a presque aussitôt fait.
– Ah, qu’est-ce que je disais !
Des beuglements éperdus. À plein volume.
J’ai poursuivi encore un peu, sur ma lancée. Et puis j’ai mis fin.
– Eh ben alors ! Soi-disant qu’il devait supporter tout ça sans broncher le grand garçon. Il est pas aussi courageux qu’il le prétend, finalement !
Il s’est relevé, tête basse, l’air contrit.
Jessica a constaté, ravie.
– Tu l’as vaincu.
Je lui ai soulevé le menton, du bout du doigt.
– Je suis sûre qu’il adore ça, être vaincu. Qu’il y prend un pied pas possible. C’est pas vrai, toi, ce que je dis là ?
Il n’a pas répondu.
– À vous, les filles, de le faire beugler, si ça vous tente… Maintenant que je l’ai mis en train…
Pauline a fait la moue.
– On peut, mouais… Mais quand même, il y a quelque chose qui va pas.
– Comment ça ?
– Ben, a priori, ce qu’était prévu, au départ, c’était que ce soit nous qu’on mène la danse, non ? Et là, vous avez pas un peu l’impression que c’est lui, en réalité, qui dirige les opérations ? Parce que voilà un type à qui on en a flanqué une hier soir et qui, aujourd’hui, vient tranquillement en exiger une autre. Et nous, qu’est-ce qu’on fait ? On entre gentiment dans le jeu. T’aimes les fessées ? Ah, ben tiens, en v’là une ! Une autre ? Encore plus fort ? Pas de problème ! Allez, contente-toi ! Ah, il est ravi. On le serait à moins. Non, mais regardez-le ! Il attend qu’une chose, là, c’est que ça continue. Que Jessica lui tambourine le derrière. Et puis moi, dans la foulée. Il sera ravi. Bien pris, il va nous gicler sur les cuisses. À l’une ou à l’autre. Et demain, ou après-demain, il va se repointer, la gueule enfarinée, et nous réclamer un petit supplément. Que nous, bonnes pommes, on va généreusement lui octroyer. Eh bien, non. Non. C’est notre plaisir à nous qui doit primer. Pas le sien. C’est à lui de se plier à notre bon vouloir. Pas l’inverse.
– Et alors ? Tu proposes quoi ?
– Qu’on s’en tienne là pour aujourd’hui. Pas d’autre fessée. Qu’on le renvoie d’où il vient. Avec ordre de ne se pas manifester tant qu’on ne l’y aura pas autorisé. Qu’il voie qui c’est qui tient vraiment les rênes. Et qu’on décide ensuite entre nous, une fois qu’il sera parti, de la suite des opérations.
– Eh, bien, allez, alors ! Exécution ! File, toi ! On t’a assez vu.

– Le pauvre ! Cet air de chien battu qu’il avait en partant.
– Ça lui fait pas de mal. Il commençait à en prendre vraiment trop à son aise. Il fallait impérativement le recadrer.
Jessica a regretté.
– Quand même ! Ça me frustre, moi, de pas lui avoir claqué son joufflu.
– Moi aussi ! Qu’est-ce tu crois ? Mais il était vraiment temps de reprendre les choses en mains.
– Tu proposes quoi, alors, maintenant ?
– Que chacune d’entre nous fasse de lui ce qu’elle a envie. Tout ce qu’elle a envie. Ce qui lui passe par la tête.
– Ça risque de pas être triste.
– Tant mieux !
– Il voudra peut-être pas.
– Il voudra tout ce qu’on voudra. Il a bien trop besoin de nous.
– Qui commence ?
– Pauline. C’est elle qu’a eu l’idée.
– Oh, ben moi, ce que je verrais bien, c’est de le convoquer en même temps que Luc, notre tout premier, là. Mon abonné. Fesser un mec devant un autre mec, ça doit être un plaisir délicieusement raffiné. Parce que leur amour-propre de petit mâle en prend un sacré coup.
Jessica a battu des mains.
– Génial ! Tu peux leur faire à tour de rôle en plus.
– Ou bien le leur faire faire l’un à l’autre.
– Encore mieux ! Je veux voir ça ! Alors là, je veux voir ça !
– Il y a pas de problème. Vous verrez. Toutes les deux.
– Eh, ben moi…
– Oui, Jessica ?
– Ça va vous paraître d’une banalité !
– Dis toujours !
– Je le prendrais bien à mon service, de temps en temps, chez moi. À me faire le ménage. Ou la cuisine. Des trucs comme ça. Et quand je serai pas contente de lui, il y attraperait.
– C’est vrai que c’est très classique. Mais si c’est ça qui te tente…
– Oh, oui, alors !
– Et toi, Chloé ?
– Moi, je sais pas encore. Va falloir que je réfléchisse.

mercredi 21 février 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (6)


Dessin de Mike:http://placardemike.blogspot.fr

Je m’étais installée à une terrasse de café, au soleil, avec mon ordi, et je jetais un coup d’œil, de ci de là, sur les profils du site. Sans véritable conviction. Rien qui sorte vraiment du lot. C’était d’une désespérante banalité, tout ça.
Un type, un jeune d’une vingtaine d’années, s’est approché et tranquillement assis à ma table.
– Eh ben, vous manquez pas d’air, vous !
– Oui, c’est souvent ce qu’on me dit. Vous faites quoi, là ?
– Ça vous regarde ?
– Et voilà ! On essaie d’être aimable. De s’intéresser à ce que vivent les gens. Et on se fait envoyer sur les roses. Vous m’étonnez, après ça, que le tissu social se désagrège.
– Vous voulez quoi au juste ? Me draguer ? Vous n’avez pas frappé à la bonne porte.
– Non, mais c’est fou, ça ! On peut pas adresser trois mots à une nana sans qu’aussitôt elle aille s’imaginer qu’on a des tas d’idées derrière la tête.
– C’est souvent le cas.
– Oui, ben c’est pas le mien. J’ai une copine. J’ai pas besoin d’aller voir ailleurs.
– Vous m’en direz tant.
– Vous me croyez pas ?
– Je ne fais que ça. Ça se voit pas ?
– Et vous ? Vous avez quelqu’un ?
– Qu’est-ce que ça peut vous faire ?
– Vous préférez les filles. C’est ça, hein !
– Vous voulez savoir ce que je préfère ? Vous le voulez vraiment ? C’est flanquer de bonnes fessées déculottées à d’insolents petits morveux dans votre genre.
– Oui, oh, vous devez pas taper bien fort.
– Vaudrait mieux pour vous que vous me tombiez pas entre les griffes. Vous demanderiez grâce. Vous me supplieriez d’arrêter.
– Moi ? Oui, oh, ben alors là ! Vous me connaissez mal.
– Ce qui veut dire ? Que vous êtes prêt à relever le défi ?
– Absolument.
– Eh bien, allons-y alors ! Il y a un hôtel juste en face.
– C’est-à-dire…
– Que vous vous dégonflez.
– Pas du tout, non. Mais, ce soir, ça m’est tout-à-fait impossible. Je vois ma copine et, si elle me découvre des rougeurs suspectes sur les fesses, ça va être des demandes d’explications à n’en plus finir.
– Disons demain alors ! Même heure. Même endroit.

Pauline et Jessica n’en revenaient pas.
– C’est complètement fou ! Mais comment tu t’y prends pour qu’ils te tombent, comme ça, tout rôtis dans le bec ?
– Et toujours des petits jeunes en plus !
– La classe, les filles, la classe !
– Il viendra peut-être pas.
– Oui, oh, alors ça, ça m’étonnerait. J’ai titillé son petit amour-propre de mâle. Il va mettre un point d’honneur à supporter sans broncher la fessée que je vais lui flanquer. Et qui sera pas piquée des vers.
– N’empêche qu’on sort allègrement du cadre qu’on s’était fixé, là : les hommes mariés qui trompent leur femme.
– Ce qui risquait de s’avérer, à la longue, terriblement répétitif, non, vous croyez pas ?
– Faut bien reconnaître…
– Alors pourquoi ne pas saisir les occasions quand elles se présentent ?
– D’autant que l’un n’empêche pas l’autre.

Il était à l’heure.
– Alors, prêt ?
Il a soutenu mon regard.
– Prêt.
– Mais d’abord, il faut que je vous dise. Nous ne serons pas seuls. Il y aura là deux amies à moi. Qui, le cas échéant, empêcheront les choses de dégénérer.
– La confiance règne, à ce que je vois.
– On n’est jamais trop prudent.
– Vous n’avez rien à craindre de moi. Comment faut vous le dire ?
– Oui, ben ça, on verra. Allez, en route !

Il les a gratifiées d’un large sourire.
– Salut ! Moi, c’est Lancelot. Et vous ?
– Oui, ben c’est pas le moment de faire des discours. On verra ça tout-à-l’heure. Si t’en encore en état. En attendant, tu te désapes.
Ce qu’il a fait. En nous tournant pudiquement le dos.
– Allez ! Amène-toi là !
En travers de mes genoux. Où je l’ai confortablement installé.
– Feu !
Et j’ai lancé une dizaine de claques. Pas trop fortes. Assez espacées.
– Ça va ?
– Oh, oui. Oui.
Alors j’ai pris ma vitesse de croisière. De grands coups. À pleines mains. À pleines fesses. À plein régime.
– Vous savez quoi, les filles ? Il bande. Et pas qu’un peu.
– C’est qu’il aime ça.
– Fallait s’y attendre. Le type qu’accepte d’emblée, comme ça, de se faire martyriser le cul, faut forcément qu’il y trouve son compte.
J’ai repris de plus belle. Il ne disait rien. Il ne criait pas. Il ne gémissait pas. Non. Il bandait. Ça, pour bander, il bandait…
– Bon, mais je fatigue, moi, à force !
Je l’ai fait relever.
– Attends ! Bouge pas ! Reste là !
Je me suis penchée et j’ai longuement contemplé « l’étendue des dégâts. »
– Superbe dégradé de rouges. Je suis fière de moi.
J’y ai doucement passé la main.
– Je comprends que tu tiennes pas à ce que ta copine voie ça.
Y ai lancé une dernière petite claque.
– Bon, mais on va s’en tenir là.
Les filles ont protesté.
– Il a pas demandé grâce. C’était ça le but au départ.
– On peut te remplacer si tu veux. Si tu satures.
– Je dis pas non.
Elles se sont précipitées.
– Moi !
– Non, moi !
– Vous disputez pas ! Il y en aura pour tout le monde.
C’est Pauline qui a commencé. Qui y a aussitôt mis tout son cœur.
– Moi aussi, il bande ! Veux-tu bien arrêter, vilain garçon !
– Oui, oh, ben alors là, c’est pas gagné.
Elle a interminablement œuvré. Quand elle a enfin passé le relais à Jessica, il n’avait toujours pas poussé le moindre gémissement.
– C’en est décourageant.
Jessica, bien qu’elle s’y soit vigoureusement employée n’a pas davantage réussi à lui tirer le moindre cri, la moindre larme.
– Bon, allez, on laisse tomber. Oh, mais ne crois pas en être quitte pour autant. On se retrouvera.
Il nous a fait face, la queue orgueilleusement dressée.
– Quand vous voudrez. Avec plaisir.


mercredi 14 février 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (5)

Dessin de Mike

http://placardemike.blogspot.com

– Vous savez ce que je me demande, les filles ?
– Quoi donc, Pauline ?
– Le premier type, là, celui dont je m’étais occupée…
– Luc.
– Luc, oui.
– Eh ben, si ça tombe, ça l’a pas découragé notre petite leçon de l’autre jour. Il s’est déjà remis en chasse.
– Oh, tu crois ?
– Comme je l’ai perçu, c’est le mec complètement accro. Qui peut pas se passer de multiplier les conquêtes.
– Il y est plus pourtant son pseudo sur le site.
– Ça, évidemment ! Il est pas idiot. Il a dû s’en recréer un autre. Et dès le lendemain, si ça tombe. Je vais étudier ça de près.

Le soir même, elle déboulait triomphalement chez moi en compagnie de Jessica.
– Bingo ! C’est Vatilord son pseudo.
– T’es sûre ?
– Certaine. Il fait toujours systématiquement les mêmes fautes d’orthographe.
– Ah ! Et alors ?
– Et ben alors, j’ai bien envie de pas le lâcher. Je vais me créer un autre profil et je vais le brancher. Le connaissant, il va donner tête baissée dans le panneau. Et finir par me proposer une rencontre.
– J’imagine sa tête quand il va voir que c’est toi.
– Ah, ça, il sera dans ses petits souliers. Et il y aura pas de grands discours. Pas de discours du tout, même. Je vous l’amène aussi sec. Pieds et poings liés. Et en place pour le quadrille.

Ça n’a pas été aussi vite qu’elle l’imaginait.
– Il écrit. Beaucoup. Il téléphone. Quasiment tous les jours. Mais il parle pas de rencontre. Alors ou il est surbooké, il a tout un tas de nanas dans tous les coins ou bien alors il se méfie.
– Peut-être qu’il a reconnu ta voix ?
– Ça m’étonnerait. Elle est pas spécialement reconnaissable, ma voix, et puis il doit en entendre tellement que dans le tas…
Mais ça a quand même fini par arriver.
– Ça y est ! C’est mûr. Je vous attends, les filles, toutes affaires cessantes.

Elle l’avait fait mettre à genoux, sur une chaise, tout nu, les mains sur la tête.
– Eh ben, dis bonjour, toi ! Qu’est-ce t’attends ? Tu reconnais pas Jessica et Chloé  ?
– Bonjour.
En gardant les yeux obstinément fixés par terre.
– Ah, non, mais mieux que ça ! On regarde les gens quand on les salue. C’est la moindre des politesses. Allez, recommence !
– Bonjour, Jessica ! Bonjour, Chloé !
En nous lançant à chacune, à tour de rôle, un bref regard, lourd de confusion.
– C’est mieux. C’est pas encore ça, mais c’est mieux. Oui, alors vous voyez, les filles, il y a un petit bonus aujourd’hui. Parce qu’il se fiche vraiment du monde. Nous, on s’est démenées, tant qu’on a pu, on a payé de notre personne, pour lui faire comprendre que son comportement était inadmissible, qu’il avait tout intérêt à changer son fusil d’épaule. Résultat des courses : ça n’y a strictement rien fait. Il en prend toujours autant à son aise. C’est pour ça : si on veut y arriver, il faut passer maintenant à la vitesse supérieure. Mais asseyez-vous ! Restez pas plantées là. Il va y en avoir pour un moment. Asseyez-vous ! La banquette vous tend les bras. Avec vue sur son attirail qui, soit dit en passant, ne casse pas trois pattes à un canard. Mais on peut le faire se retourner, si vous préférez.
– Tout-à-l’heure… On a tout notre temps.
– Oui, t’as raison, Chloé, tout-à-l’heure. Quand on lui tirera sur le cul un de ces feux d’artifice de derrière les fagots dont il nous dira des nouvelles. En attendant, vous savez que j’étais vraiment à deux doigts d’appeler sa femme. Parce qu’à force de pousser le bouchon… Mais il m’a suppliée : tout ce que je voudrais il accepterait. Absolument tout. Mais pas sa femme ! Pas sa femme ! Et voilà le résultat ! Oh, mais je l’ai bien prévenu. C’est la dernière fois. Le prochain coup, il n’y coupe pas. Je mets Séverine au courant. T’as bien compris, toi ?
Il a fait signe que oui. À grands hochements de tête précipités. Oui.
– Bon… Et maintenant on va faire un jeu. On a mené une petite enquête sur toi et on a appris des tas de choses.. C’est qu’il y en a des nanas après qui tu cours, dis donc ! Et pas qu’un peu ! Alors tu sais pas ? Tu vas nous en dresser la liste. Et tâche de n’oublier personne sinon… sinon ton sursis saute. Allez, on t’écoute !
– Valérie.
– Et un coup de martinet pour Valérie.
– Aïe !
– Après ?
– Lucile.
– Et un coup pour Lucile.
– Barbara.
– Et pour Barbara. C’est tout ?
Il a paru hésiter.
– Oui.
– Menteur !
Une dizaine de coups. En rafale. Précipités. Lancés avec vigueur.
– Aïe ! Aïe ! Aïe !
– C’est ça, piaule, mais réponds !
– Laetitia… Axelle…
– Il y en a trop. On va te faire un prix de gros. Mais avant…
Elle l’a fait descendre, a tourné la chaise.
– Là, côté cul, maintenant, les filles ! Enjoy !
Et elle s’est déchaînée. À grands coups de martinet. Sur les fesses, les cuisses, le dos. Cramponné au dossier de la chaise, il criait comme un perdu.
Jessica m’a poussée du coude.
– Regarde-la !
– Oui. Elle prend son pied, c’est clair.

Ce que, dès qu’il a été parti, elle a volontiers reconnu.
– J’étais à deux doigts de jouir, mais alors là vraiment à deux doigts.
– Peut-être la prochaine fois… S’il y en a une.
– Comment ça ?
– Ben, tu lui as dit qu’il y en aurait pas. Que, s’il recommençait, tu prévenais aussi sec sa femme. Et il recommencera. Il pourra pas s’empêcher. Tu vas le faire ?
– Oh, ben non, non. Ce serait dégueulasse. Et puis…
– Et puis il te manquerait ce type.
– Un peu.
– Et donc ?
– Le mieux, ce serait un abonnement. Il viendrait chercher sa petite correction, à date fixe, et, en échange, je lui garderais le secret.
– Et il pourrait faire tout ce qu’il veut.
– Oui, oh, ben alors là, pas question. Je garderai un œil attentif dessus.

mercredi 7 février 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (4)

Dessin de Mike

http://placardemike.blogspot.fr

Jessica a mis un temps fou à choisir.
– Parce que le type, c’est sûr qu’il va morfler. Il va payer pour Sylvain. Alors je veux pas me planter. …
Elle épluchait tout, s’arrêtait au moindre détail.
– Il met « d’un naturel enjoué » et, un peu plus loin, « sérieux et réfléchi » Ça va pas trop ensemble, ça, non ?
– Mais qu’est-ce tu te prends la tête ? Ils se vendent. Ils mettent n’importe quoi pour attirer l’attention. Pour essayer de sortir du lot. Ça n’a aucun intérêt ce qu’ils racontent.
– Elle a raison. Évidemment qu’elle a raison. À la limite, tu tirerais au sort que ça reviendrait pratiquement au même.
Elle a fini par jeter son dévolu sur un type qui se disait décorateur et en passe de partir s’installer aux Antilles. Dès qu’il aurait trouvé la femme de sa vie.
Pauline m’a lancé un regard affligé.
– Eh ben, ça promet !

Elle passait des soirées entières au téléphone avec lui.
– En douce qu’il est hyper intéressant à parler, les filles ! Si, c’est vrai, hein ! Il connaît des tas de choses. Il a énormément voyagé. Et puis, c’est pas le genre de mec qui la ramène. Pas du tout !
On s’inquiétait derrière son dos.
– Tu paries qu’elle est encore en train de tomber amoureuse ?
– C’est en train de se passer exactement comme ça s’est passé avec Sylvain,.
– Je mettrais pas ma main au feu qu’elle s’en soit complètement détachée de celui-là, d’ailleurs.

Pour le rencontrer, elle s’est mise sur son trente-et-un. Coiffeuse. Esthéticienne. Et s’est décidée, après de longues hésitations, pour son ensemble vert.
– Ça fait à la fois habillé et pas trop.
Il était en retard. D’une bonne demi-heure.
– Ça commence bien !
– Oh, mais parti comme c’est, elle va pas lui en tenir rigueur.
Un type couleur muraille. Avec lequel elle est restée deux heures à discuter.
Sur les talons duquel, quand il l’a quittée, on s’est bravement lancées.
– Oh, merde !
Il venait d’enfourcher un vélo. Et de disparaître, en zigzaguant, au milieu des voitures.

Elle était sur un petit nuage.
– À vélo ? Ça m’étonne pas de lui. Ça colle tout-à-fait au personnage. Qu’est génial. Absolument génial. Ah, tu t’ennuies pas avec lui. Pas un seul instant. Et puis alors, non, mais vous imaginez, les filles, qu’on aille habiter tous les deux à la Martinique ? Ou à la Guadeloupe ? Vous viendrez me voir, hein ?
– On te rappelle quand même qu’au départ, l’opération consistait à…
– Oh, mais il est pas marié ! Alors là, lui, je suis sûre et certaine qu’il est pas marié.
– On verra…
– Oui, oh, ben alors là, c’est tout vu.

– Elle est mal barrée, on dirait !
– C’est le moins qu’on puisse dire.
Il fallait prendre les choses en mains. Qu’on l’oblige à se dévoiler, le type. Avant qu’il soit trop tard. – Tu le fais ou je le fais ?
– On le fait toutes les deux. Ce sera encore mieux.
Et on l’a contacté sur le site. À quelques heures d’intervalle. Il s’est empressé de répondre. Une longue tartine à chacune. Des échanges de mail s’en sont tout aussitôt suivis.
– Il préfère les brunes.
– Ben, oui ! Il a vu ton profil. Non, avec moi, c’est les blondes qu’il préfère.
– Il adore lire.
– Il a horreur de ça.
– Et n’écoute que de la musique classique.
– Pas du tout. Il n’aime que le rap.
– Il veut m’emmener vivre en Afrique.
– Et moi, à New York.
– T’es sûre qu’il va pas finir par s’emmêler les pinceaux ?
– À force de faire, il y a toutes les chances, oui.

On a hésité à le rencontrer.
– Oui, mais si ! Que Jessica sache vraiment à quoi s’en tenir.
Je me suis profondément ennuyée une demi-heure durant. À l’écouter enfiler des banalités les unes derrière les autres. Quant à lui, il était enchanté. « Quel merveilleux moment on a passé ! On se revoit bientôt, hein ! »
Pauline, quant à elle, l’a vu le lendemain.
– Sûr qu’il est lourd ! Mais j’ai pas perdu mon temps. Il avait posé les papiers de sa voiture sur la table, devant lui…
– Donc, il roule pas qu’à vélo…
– Et quand il est parti aux toilettes… Bref. La carte grise est au nom de sa femme.
– Et, du coup, t’as ses coordonnées. Génial !

Jessica voulait pas y croire.
– Un rendez-vous avec lui ? À tour de rôle. Non, mais vous m’en poussez une grosse, là. C’est vraiment pas le genre à ça.
Il a fallu lui montrer mails et SMS.
– Non, mais j’hallucine ! J’hallucine complètement. Mais pourquoi, les filles ? Pourquoi je tombe systématiquement sur des mecs complètement tordus ?
– Parce que la plupart des mecs le sont, tiens, pardi !
– Oui, ben je vais m’occuper personnellement de son cas. Vous me le laisserez, hein ? C’est moi qui vais opérer.
– Sans problème. Fais-toi plaisir.

Elle a loué un petit appart à la journée.
– Tant qu’à faire ! Qu’on soit tranquilles.
Où elle a voulu être d’abord seule avec lui.
– Qu’il ait l’impression que tout baigne. Que ça va se passer comme il l’entend. Et puis vous vous pointerez. L’une après l’autre. À un petit quart d’heure d’intervalle.

Quand je suis arrivée, ils étaient assis tous les deux, côte à côte, sur le canapé. Il lui tenait la main.
– Chloé ! Mais qu’est-ce que tu fais là ?
– Ben, et toi ? Et avec mon Benjamin en plus !
– Comment ça, TON Benjamin ? Jusqu’à preuve du contraire, c’est le mien.
– Mais jamais de la vie enfin ! Mais dis-lui, toi ! Dis-lui ! Qu’on doit partir. Que tu vas m’emmener en Afrique. Tout ça !
– C’est-à-dire que…
– Que quoi ?
– C’est un malentendu.
– Explique alors !
C’est le moment qu’a choisi Pauline pour arriver.
– Bonjour, tout le monde ! Ça va comme vous voulez ?
Il nous a regardées toutes les trois, tour à tour, d’un air effaré. Il s’est levé, sans un mot, dirigé tout droit vers la porte.
– Eh, où tu vas comme ça ? Attends ! Attends ! Ta femme va arriver.
Il s’est littéralement statufié sur place.
– Ma femme ?
– Mais oui, ta femme ! Alyssia. On sera au grand complet comme ça.
– À moins qu’il en ait encore d’autres ailleurs.
– Ce qu’est pas impossible.
– Eh ben, réponds, toi ! T’en as d’autres ?
– Oui. Non. C’est-à-dire…
– Qu’il y en a tellement que t’arrives même plus à les compter. C’est ça ?
Il a roulé des yeux horrifiés.
– Ma femme…
– Ne va pas te tomber dessus, n’aie pas peur ! Par contre, on va aller la trouver, toutes les trois, dès ce soir, et la mettre au courant. Ça, tu n’y couperas pas. À moins que…
– Combien vous voulez ? Je vous donnerai. Tout ce que vous voulez.
– Non, mais écoutez-le ! Ah, c’est que ça va tourner vinaigre, hein, si bobonne apprend tout ça. Mais on en a rien à foutre de ton pognon. C’est pas ça qu’on veut.
Jessica a confirmé.
– Non, c’est pas ça.
Elle a détaché sa ceinture, l’a fait claquer en l’air.
– C’est que tu nous offres quelques petites compensations. Qu’est-ce t’en dis ?
Rien. Il n’en disait rien. Absolument rien. Il contemplait ses godasses.
– C’est ça ou, ce soir, faudra que tu règles le problème directement avec elle. Ce qui ne sera manifestement pas une partie de plaisir. T’as vingt secondes pour te désaper. Pas une de plus, sinon…
Il n’a pas protesté. Il n’a pas cherché à discuter non plus. Il s’est exécuté.
– Garde tes chaussettes. T’es plus cake comme ça.
Elle lui a fait signe d’aller s’agenouiller au bord du canapé. Et elle a cinglé. Vigoureusement. De là où on était, Pauline et moi, on avait une vue imprenable sur ses fesses qui se soulevaient et s’abaissaient, s’ouvraient et se fermaient en cadence. Sur ses coucougnettes qui ballottaient entre elles. Elle tapait. Méthodiquement. Inlassablement. Sa croupe, l’arrière de ses cuisses se couvraient de zébrures rosées du plus bel effet. La tête enfouie dans les coussins, les bras en croix, il gémissait sans discontinuer.
Elle s’est arrêtée d’un coup.
– Dégage ! On t’a assez vu.
Tout juste s’il a pris le temps de se rhabiller. Et il a détalé.
Jessica a remis sa ceinture.
– Ah, ça fait du bien. Ça soulage.
Pauline s’est redressée.
– Quand même il y a un truc qui m’inquiète sacrément, moi, les filles ! C’est que plus ça va et plus j’y prends goût à tout ça.
– Ce qui tombe bien. C’est à nouveau ton tour.