vendredi 12 juin 2015

Studieuses vacances: récit de Damien (7)

Ils sont venus me chercher… Kevin… Baptiste… Arthur… Tous les trois…
– Ben alors ! Arrive ! Qu’est-ce tu fous ? On te voit plus… Tu nous snobes ou quoi ?
– Mais non, mais…
– Mais quoi ?
– C’est la rentrée…
– Et alors ? Ça change quoi ? Ça t’empêche pas de venir boire un coup vite fait la rentrée…
– Si je foire encore mon année…
– Elle fait que commencer l’année… T’auras tout le temps de te rattraper après… Et puis, de toute façon, pour ce que ça sert les études… T’as neuf chances sur dix de finir chômeur… Comme tout le monde… Alors franchement on voit pas ce que tu t’emmerdes…
– Il y a aussi ma copine… Qui commence à me battre froid… Et grave…
– Raison de plus ! Une nana, si tu commences à la laisser décider à ta place de ce que tu dois faire ou pas, t’es fichu… Elle va pas arrêter de te monter dessus… Et tu finiras en laisse… Comme un bon toutou… C’est quand même pas ça que tu veux, merde !
Ils ont pas lâché le morceau… Tant et si bien que j’ai fini par céder…
– Bon, mais vite fait alors !
– Mais oui… Juste le temps de s’en jeter un petit et on se ramasse…
Quatre heures après j’y étais encore… Sans pouvoir en profiter vraiment : je pensais à Émilie… Qui devait m’attendre… Qui m’attendait forcément… Émilie dont j’appréhendais la réaction… Maintenant que Mademoiselle Lancel lui montait la tête… Elle ne me cafarderait pas, non… Elle n’était pas comme ça… Elle n’irait pas jusque là… Mais elle allait me mener la vie impossible… J’allais avoir droit à des reproches à n’en plus finir…

Elle dormait… Elle dormait paisiblement… Je me suis glissé à ses côtés sans bruit…

Au réveil, pas une remarque… Pas une réflexion… Rien… Elle ne faisait même pas la gueule… Elle était lisse… Neutre… Comme s’il ne s’était rien passé… Ou comme si elle s’en fichait complètement…

Mademoiselle Lancel, par contre, quand je me suis présenté chez elle, en début d’après-midi, a attaqué d’emblée…
– T’étais où hier soir ?
La garce ! Elle lui avait dit… La sale petite garce hypocrite… Elle n’avait rien eu de plus pressé que de venir pleurer dans son giron…
– Eh bien ? J’attends…
Inutile de nier… J’allais perdre mon temps… Et l’indisposer un peu plus encore contre moi…
– Non, mais c’est parce que…
– Parce que quoi ?
Parce que rien… Aucune excuse valable ne me venait à l’esprit…
– Fallait qu’on parle…
– Oh, mais je n’en doute pas… Vous avez certainement une foule de choses à vous dire… Ce qui tombe bien d’ailleurs… Moi aussi, j’ai des choses à te dire… Dont je suis sûre que tu les entendras beaucoup mieux les fesses à l’air…
Je n’ai pas protesté… Je me suis exécuté… Agenouillé, comme d’habitude, au bord du canapé… De toute façon je n’y couperais pas… Alors plus vite on en aurait fini… Mais ça n’est pas venu… Derrière moi elle ouvrait des tiroirs… Déplaçait des objets… Ne me prêtait plus la moindre attention…
On a sonné…
– Tu ne bouges pas… Tu restes comme ça…
Des chuchotements dans le couloir… Ça s’est rapproché…
– Regarde qui c’est qu’est là !
Émilie ! Non, mais c’était pas vrai que… Émilie !
– Non, non… Tu bouges pas, je t’ai dit… Ah, tu veux pas comprendre ? Eh bien je peux te dire que cette fois tu vas comprendre…
C’est tombé d’un coup… Une morsure de martinet… Une seule… Mais d’une force ! J’ai hurlé… De douleur tout autant que de surprise…
– Alors comme ça, c’était bien les copains hier soir ? Ah, ben tant mieux ! Tant mieux ! J’espère que t’en as bien profité… Parce que maintenant une autre paire de manches ça va être…
Trois autres cinglées… Très rapprochées… Une quatrième…
– Oui… Donc… Tu disais que tu t’es bien amusé hier soir… Ce qui veut dire que t’en as bu combien ?
– Pas beaucoup… Presque pas…
Une salve… Sept ou huit coups…
– Ça fait mal…
– Ah, ben ça, je sais, oui… T’en as bu combien ?
– Je sais plus au juste… Cinq… Six… Quelque chose comme ça…
– Ce qui veut certainement dire une dizaine… Ou une douzaine…
Et ça s’est abattu… À toute volée…
– Là… C’est tout pour aujourd’hui… Et la prochaine fois, s’il y en a une, mais il y en aura sûrement une, c’est Émilie qui se chargera de te remettre elle-même les idées en place…

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