mercredi 27 février 2013

Le Centre2 ( 8 )


– Alors Ludivine ? Ces amours avec Xavier ?
– T’avais raison, hein, Séverine ! Il est marié…
– Je te l’avais dit !
– Mais alors pour le lui faire admettre ! Il y a que quand je lui ai demandé si par hasard il connaîtrait pas une certaine Lucie… Mais vous croyez qu’il s’est démonté ? Pensez-vous ! Il est retombé sur ses pattes… Oui, il était marié, oui… Mais fallait reconnaître qu’avec elle c’était pas ça qu’était ça… Mais vraiment pas ça… Ah, non alors ! Et pourquoi me l’avoir caché ? Avoir si farouchement nié ? Quelle idée il avait derrière la tête ? Hein ? Mais rien… Rien du tout… Aucune… Non… La vérité… Je la voulais la vérité ? Il m’a pris une main dans les siennes… A plongé ses yeux dans les miens… Hein ? Je la voulais ? Qu’il dise toujours… Je l’écoutais… « Quand je vous ai vue… Dès que je vous ai vue… Vous pouvez pas savoir quel remue-ménage ça a fait en moi… Jamais j’avais ressenti ça… Jamais… Avec personne… Quelque chose d’inouï… Et je ne vous étais pas indifférent… Vous me l’avez  prouvé… Vous m’avez laissé espérer… C’est sur la fin Lucie… C’est plus qu’une question de jours… Alors qu’avec vous… Ça commence avec vous… Et j’allais tout flanquer par terre comme ça d’entrée de jeu en vous parlant d’elle ? Mais il aurait fallu être idiot !
– C’est toi qu’il prend pour une idiote…
– Oui… C’est clair comme de l’eau de roche… Il compte te tirer tout le temps qu’il sera ici et puis reprendre tranquillement sa petite vie pépère après avec sa Lucie…
– Moi, je le croirais encore plus tordu que ça… Parce que, si j’ai bien compris, ils se sont lancé un défi sa femme et lui… Tenir le coup… Quoi qu’il arrive… Quoi qu’il se passe… C’est du moins ce qu’elle indique, elle, dans sa fiche de présentation… Et je le soupçonnerais fort de vouloir manipuler Ludivine pour passer à travers les mailles du filet… Pour bénéficier d’un traitement de faveur…
– Oui… Ben tiens ! Et puis quoi encore ?
– Tu lui as dit quoi quand il t’a fait sa belle déclaration ?
– Rien… Il m’avait trop agacé… Je sais qu’il y a des fois je suis naïve… Mais il y a quand même des limites… J’ai rien dit… J’ai haussé les épaules et je lui ai tourné le dos…
– Parfait ! Tu vas le chercher ? Qu’on s’occupe un peu de son cas…

– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Mais il y a rien…
– Mais si il y a quelque chose… Je le vois bien…
– Laisse-moi ! Me touche pas…
– Mais pourquoi ? L’autre jour…
– C’était l’autre jour…
– C’est parce que je suis marié, c’est ça ? Mais je vous ai expliqué…
– Oui, oh…
– Vous me croyez pas, hein ?
– Non…
– Mais c’est pas possible ça ! Comment faut que je vous le dise ? Comment ?
– Perds pas ton temps, va ! Ça vaudra mieux…
– Mais je perds pas mon temps enfin ! Si vous saviez… Sans arrêt je pense à vous… Tout le temps… Je peux pas m’empêcher…
– Mais bien sûr !
– Je vous jure… Je vous jure que… Vous avez entendu ?
– Quoi donc ?
– Il y a quelqu’un qu’a rigolé, là, tout près… Si ! Si ! Je vous assure… Tenez… Encore… Ça vient du bâtiment derrière les arbres là…

– Ben oui… On rigole, nous… Oui… Faut dire qu’il y a de quoi à t’entendre… Il est rudement bien rôdé ton petit numéro, dis donc ! On y croirait…
– Non, mais je…
– Mais oui ! C’est ça… C’est ça… Non… Nous, ce qu’on voudrait savoir… On en causait encore tout à l’heure… Tout ton beau cinéma, là, c’est juste pour la tirer Ludivine ? Ou bien t’avais l’intention de te servir d’elle pour te payer deux petites semaines tranquilles ?
– Je suis pas…
– On s’en fout, remarque ! Complètement… Parce que dans un cas comme dans l’autre t’as mérité… Reconnais que t’as mérité…
– Non… Attendez… Je vais vous expliquer…
Tu vas rien expliquer du tout… Que ce soit l’un ou l’autre on s’en fout on te dit… Mais par contre tu vas gentiment mettre  ton petit derrière à l’air et Ludivine se faire un plaisir de lui faire prendre de jolies couleurs…
– Je t’en prie, Ludivine, dis-leur, toi…
– T’as entendu ce qu’elles ont dit ? Eh bien alors ? Qu’est-ce t’attends ?
– Non, mais vous allez pas ?
– Allez, vite ! Vite, j’te dis ! Je le répèterai pas… Là… Voila…

– À la bonne heure ! Et il va se montrer très courageux ce grand garçon… Très… Parce qu’on va lui faire un rapport à sa petite femme adorée… Et comment elle serait déçue d’apprendre qu’en réalité son Xavier chéri est une petite mauviette…

mercredi 20 février 2013

Le Centre2 ( 7 )


– Alors ?
– C’est calme… Ils dorment tous bien sagement…
– Ils dorment… Ou ils font semblant…
– Et nous ? On va faire quoi de notre soirée ? On va quand même pas aller se coucher comme les poules…
– Moi, je me reprendrais bien une petite dose de Mickaël… Ça me détend comme ça le soir avant d’aller dormir…
– C’est facile… Suffit d’aller le chercher… T’y vas, toi, Lydie ? Tu te mets en serveuse et t’y vas ?

– Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
– Debout, gros paresseux…
– Quelle heure il… ? Oh, non !
– On te demande pas ton avis… Tu te lèves, un point c’est tout ! Et tu te dépêches ! Non… Non… Pas besoin de t’habiller… Tu restes comme ça… T’es très bien comme ça… Allez, en route !

Sur le pas de la porte, en les apercevant, il a eu un imperceptible mouvement de recul…
– Eh oui ! On est toutes là… Toutes… Le roi de la soirée tu vas être… T’es content ? Eh ben avance ! Reste pas planté là…
Et elles ont applaudi…

Je me suis pendue à son cou…
– Je t’aime, Mickaël, tu sais ! Je t’aime… Toi aussi, tu m’aimes ?
– Hein ?! Mais je…
– Dis-le moi… J’ai besoin de l’entendre… Dis-le moi !
– Mais oui, mais…
– On va partir tous les deux… Hein qu’on va partir ? Quitter tout ça… C’est moche ici… Ça pue… On sera heureux là-bas, tu verras… Comme on sera heureux ! Ce sera chez nous… Notre restaurant à nous… Sans arrêt j’y pense… Qu’à ça je pense… Tout le temps… Pas toi ?
– Si ! Si, mais…
– On part quand, Mickaël ? Quand ? Il me tarde, tu sais…
– Eh ben, dis-lui ! Qu’est-ce tu lui réponds à Laurène quand elle te demande ?
– Bientôt… Pas tout de suite… On peut pas… Mais bientôt… Aïe !
– Sale menteur ! Tiens, celle-là tu l’auras pas volée…  

– Allons ! Allons ! On s’agite pas comme ça… Et on accepte bien gentiment sa punition… Parce qu’on l’a méritée… Et pas qu’un peu… Hein qu’on l’a méritée ?
– Oui…
– Bon… Et ben voilà… Sage alors… Sage… Tu te sentiras beaucoup mieux après, tu verras…

– Tu fais des progrès… Ah, si ! Si ! C’est spectaculaire, si… Il t’en reste beaucoup à faire, ça, c’est sûr, mais on y arrivera, tu verras… On va y arriver… Si tu y mets du tien… Et tu vas y mettre du tien… Hein ? On peut compter sur toi ?
– Oui…
– Tu n’as pas si mauvais fond que ça finalement… C’est juste que… Bon, mais tu sais pas ce qu’on va faire ? Tu vas lui envoyer un mail à Laurène… Pour lui expliquer que tu lui as menti… Que tu n’as jamais eu l’intention de monter quelque commerce que ce soit avec elle…
– Oh, non !
– Mais si ! Et lui demander pardon de tout le mal que tu lui as fait… Allez ! Installe-toi…
– J’ai pas son adresse mail…
– C’est pas un souci, ça ! Nous, on l’a… Allez, vas-y, attaque !
– Je pourrai jamais…
– Mais si ! C’est le premier pas qui coûte… Après ça vient tout seul, tu vas voir…      Comment tu l’appelles ? Ma chérie ? Mon petit canari des îles ? Mon pinson d’amour ?
– Ma… Non… Je peux pas…
– Tu préfères qu’on le fasse ? C’est comme tu veux… Nous, ça nous pose pas le moindre problème…
– Non… Non…
– Tu proposes quoi alors comme solution ?
– Rien… Rien… Je…
– Tu préfères continuer à lui mentir et à la faire souffrir… C’est ça, hein ?
– Mais non, mais…
– Bon… Alors écoute… Pour le moment on va laisser ça en suspens… On verra après… Et tu vas nous parler d’Alexandra… Mais alors la vérité on veut… Tu triches pas… Sinon… Sinon dans la minute qui suit elle est au courant Laurène…
– Je vous promets…
– Tu es un bon garçon… Bon, mais pour le moment va te reposer… Tu l’as bien mérité… On reprendra cette intéressante conversation demain…   

mercredi 13 février 2013

Le Centre2 ( 6 )


– Ah ben, bravo, Ludivine, bravo !
– C’est pas ce que vous croyez…
– Nous, on croit ce qu’on voit… Et ce qu’on a vu tout-à-l’heure par la fenêtre…
– Il est tellement mignon ! Et c’est pas parce qu’on a flashé l’un sur l’autre… Qu’on a envie de se faire un peu de bien que pour autant…
– J’espère… Tu risquerais de tomber de haut… Une fois de plus…
– Oui, oh, mais faut pas prêter toujours de mauvaises intentions à tout le monde non plus… Il y a quand même des types bien, non ?
– Oui… Ben sûrement pas celui-là…
– Pourquoi tu dis ça ?
– Parce que j’ai accès aux registres d’entrée… Et que ton Xavier il est en couple avec une certaine Lucie… Qu’est d’ailleurs pas loin d’ici… Juste à côté… Dans le groupe rouge…
– T’es sûre ?
– Certaine…
– Mais c’est pas ce qu’il dit !
– Ah, ben ça ! Et qu’est-ce qu’il dit ?
– Qu’il s’est fait larguer il y a trois mois… Et qu’il commence à peine à s’en remettre…
– Ben voyons !
– Non, mais t’es vraiment sûre, Séverine ?
– Je te montrerai le registre si tu veux…
– Non, mais c’est pas possible ça ! On peut faire confiance à personne…
– À qui le dis-tu !
– Oui, ben alors là ! Je peux dire qu’il va me le payer… Et cher… très cher…

– Tiens, ton Léonard qui passe, Séverine…
– Qu’est-ce qu’il fout là ? Il devrait être au boulot…
– Il a dû s’éclipser en douce… Dans l’espoir, sans doute, de t’apercevoir…
– En v’là un en tout cas qui ne vit que par toi… Ça, c’est clair…
– Ah, oui alors ! Tout ce que tu veux t’en fais… Absolument tout ce que tu veux…
– Et même davantage…
– Ça me ferait peur, moi, un type à mon entière dévotion comme ça…
– Oh, non ! Pas moi, non ! Comment je prendrais mon pied au contraire… Comment j’aimerais ça savoir qu’il est complètement à moi…
– Et plus tu le lui fais sentir, plus tu mets la barre haut et plus tu y trouves ton compte… Et lui aussi…Plus tu te montres exigeante et plus il t’en est reconnaissant…
– Tiens, le v’là qui repasse… Dans l’autre sens cette fois… Il lève la tête…
– Appelez-le moi, les filles ! Appelez-le moi…

– Qu’est-ce tu traînes par ici ?
– C’est que… on m’a envoyé chercher un truc…
– Quel truc ?
– Une clef cycloche… J’ai pas trouvé…
– Tu mens…
– Mais non… Je…
– Si ! Tu mens… Bon… Mais on s’en fout… Non… Il y a beaucoup plus grave… Et, cette fois, je vais sûrement pas pouvoir te garder…
La panique dans ses yeux…
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Et il demande pourquoi ! Non, mais t’as vu comment tu t’es comporté ?
– Comment je me… ?
– Oui… Oh, fais bien l’innocent !
– Je fais pas l’innocent… Je…
– Tu as choqué tout le monde… Absolument tout le monde… Ah, on a vu ce qu’elles valaient tes belles protestations d’amour désintéressé ! On a vu… Parce que j’ai la bonté de te laisser te prosterner à mes pieds… Et toi qu’est-ce que tu fais ? Tu en profites pour bander… De façon éhontée… Et ça… c’est un manque de respect caractérisé… C’est inacceptable… Tu es bien d’accord avec moi que c’est inacceptable ?
– Oui…
– Alors on a deux solutions… Ou bien tu te comportes dorénavant, à mon égard, comme tu t’y étais engagé… Ou bien tu prends la porte… Sans espoir de me revoir jamais…
– Je le ferai plus… Je vous promets… Vous aurez plus à vous plaindre de moi… Jamais…
– Eh bien c’est ce qu’on va voir… Et pas plus tard que tout de suite… Alors tu te déshabilles, tu viens t’installer à mes pieds, comme l’autre soir, et tu nous montres ce dont tu es capable…

– Il triche… Il reste sur le ventre…
– T’entends ce qu’elles disent ? Eh ben alors ?! Qu’est-ce que t’attends ? Là… Et regarde-moi un peu… Alors, les filles ? Vous en pensez quoi ?
– C’est quand même pas complètement ça…
– Oui… Elle grimpe un peu…
– Mais pas tellement…
– Tu devrais lui laisser une chance quand même…
– Oui… Il fait des efforts… Il devrait y arriver à force…

mercredi 6 février 2013

Le Centre2 ( 5 )


Séverine a passé la tête…
– Qu’est-ce vous faites, les filles ?
– On s’occupe un peu de Mickaël…
– Je vois ça… Vous l’avez drôlement arrangé, dites donc !
– Oh, pas tellement ! Beaucoup mieux on peut faire… Beaucoup mieux on va faire… S’il se montre pas coopératif…
– Et si je reste là… je dérange ?
– Oh, non, non… Pas du tout… Bien sûr que non… Plus on est de fous… Bon… Mais donc tu allais nous parler de Laurène, toi… C’est qui Laurène ?
– Une serveuse là où je travaille…
– Et ?
– Ça l’a fait tous les deux…
– Elle a quel âge ?
– Vingt-deux…
– Et toi ?
– Quarante-huit…
– Tu n’as pas honte, vieux cochon ?
– Mais non, mais…
– Tu n’as vraiment pas honte ?
– Aïe ! Si ! Aïe !
– Et tu lui as promis monts et merveilles, je suis sûre, pour arriver à tes fins…
– Mais non, mais… Aïe !
– Nous raconte pas d’histoires, veux-tu ! Parce qu’une gamine de vingt ans, pour qu’elle accepte de coucher avec un vieux tromblon comme toi, qui – soit dit en passant – casse pas trois pattes à un canard faut vraiment qu’il sorte l’artillerie lourde… Alors ? Tu lui as fait miroiter quoi ?
– On devait ouvrir un restaurant tous les deux du côté de Royan…
– Vous deviez… Il en est plus question ?
– Toujours… Si…
– Et seulement question… Parce que tu sais pertinemment que ça ne se fera jamais…
– C’est compliqué… On peut pas se lancer comme ça tête baissée… Faut penser à tout… Faire les papiers en règle…
– Non, mais ça c’est les bobards que tu lui sers à elle, pour gagner du temps, quand elle s’impatiente… Qu’elle trouve que ça va pas assez vite… Qu’elle se met à avoir des doutes… T’es vraiment un beau salopard, toi, hein, dans ton genre…
– Mais non, mais…
– Ah, non ?! Faire croire à une pauvre fille que tu vas lui ouvrir une affaire à son nom juste pour pouvoir coucher avec t’appelles ça comment alors ? D’autant que tu ne te prives pas, je suppose, de couchoter parallèlement à droite et à gauche… Eh bien ? Réponds !
– Vous le savez…
– Je te demande pas si on le sait… Je te demande de répondre…
– Oui…
– Il y en a beaucoup ? Attention : te trompe pas… Parce que, comme tu le dis si justement toi-même, on le sait…
– Quatre…
– Quatre ? Rien que ça ?! Eh ben mon salaud ! Et tu leur fais croire la même chose à toutes ?
– Oh, non… Non…
– Oui… T’es plus malin que ça… Ce serait le meilleur moyen de te griller… Alors tu leur racontes quoi aux autres ? Et puis non… Non… Dis rien… On verra ça ce soir… Ou demain… Parce qu’il serait peut-être temps que t’ailles bosser… Pas question que tu te défiles et que tu laisses les autres faire tout le boulot… Mais d’abord tu vas nous le dire bien fort, à haute et intelligible voix, que t’es un salopard… Allez !
– Je suis un salopard…
– Plus fort que ça…
– Je suis un salopard…
– T’es un vrai gros vicieux de salopard, oui… Tu nous dégoûtes… Remets-lui en une bonne sarclée, tiens, Lydie, pour la peine…

– Ça fait mal… Ben oui… Oui… C’est fait pour ça… Bon, allez, reculotte-toi et file ! File travailler…
– Faut que j’aille où ?
– À l’office… En bas… Elle te dira Tina… Exécution…

– C’est vrai que c’est un sacré gros salopard…
– Et vous avez encore rien vu… Attendez qu’il vous ait fait toutes ses confidences… S’il les fait…
– Oui… Ben ça… Il a plutôt intérêt… Parce que sinon… Sinon je voudrais pas être à sa place…
– En attendant, les filles, jetez un coup d’œil dehors…

– Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Ça… C’est Ludivine qui file le parfait amour avec Xavier… C’était couru… À chaque fois elle nous fait le coup… Elle peut pas s’empêcher… Dès qu’il y a un type à peu près potable qui passe dans le coin hop ! ça y est… C’est l’homme de sa vie…
– Ce sera peut-être celui-là le bon…
– Oui, oh, alors ça… ça m’étonnerait…